Mangez moins de sucre, vivez plus longtemps !
Contrairement aux idées reçues, dans notre alimentation, l’ennemi numéro un de notre santé, ce n’est pas le gras mais bel et bien le sucre. Une consommation excessive de celui-ci peut engendrer une panoplie de conséquences délétères, allant d’un surplus de graisses dans le foie jusqu’à une diminution de la durée de vie. Des quantités élevées de sucre modifient avant tout le fonctionnement de notre cerveau, en modulant l’activité neuronale pour dissocier le comportement alimentaire de nos besoins caloriques. Ceci donne naissance au cercle vicieux de l’alimentation compulsive. Selon certains scientifiques, le sucre serait même plus addictif que la cocaïne, produisant des effets similaires sur le cerveau (altération de l’humeur, activation du mécanisme du circuit de la récompense etc.). Consommer du sucre en excès favorise l’obésité et le syndrome métabolique, les maladies inflammatoires (dont le diabète), mais aussi les pathologies neurodégénératives. La combinaison sucre-gras peut être particulièrement néfaste.
Le sucre : un danger pour notre système immunitaire
Une consommation excessive de sucre peut considérablement impacter notre système immunitaire, et ce, de diverses manières. Pour commencer, elle affecte notre microbiote, cet ensemble de bactéries de notre système digestif qui sont en lien étroit avec nos défenses immunitaires. L’équilibre de notre flore intestinale est un pilier de notre état de santé global et lorsqu’il est perturbé, cela peut engendrer de nombreux effets nocifs sur l’ensemble de notre organisme.
D’autre part, une étude publiée en 1973 a montré que l’ingestion de sucre entraîne une diminution de la capacité de phagocytose des globules blancs. Cette réponse immunitaire est d’autant plus diminuée que la quantité de sucre ingérée est élevée. En plus d’affaiblir le système immunitaire, les glucides simples nourrissent également les bactéries et les virus, facilitant leur prolifération. C’est pourquoi il est pour le moins étonnant que dans le cadre d’une pandémie, les stratégies de prévention ne soient pas axées avant tout sur l’alimentation. Comme le disait Hippocrate, père de la médecine : « Que ton alimentation soit ta meilleure médecine » !
Notre système immunitaire constitue la meilleure défense qui soit face à tout type de virus, y compris le SARS-CoV-2 à l’origine de la Covid-19. Ainsi, une bonne hygiène de vie, incluant une alimentation saine et équilibrée, devrait être la première étape pour lutter contre cette pathologie qui est particulièrement néfaste pour les personnes dont les défenses immunitaires sont amoindries. En effet, les personnes souffrant de formes graves de la Covid-19 ont très souvent des comorbidités comme le diabète, l’obésité ou les maladies cardiovasculaires. Ces pathologies sont généralement liées à un système immunitaire défaillant.
Sucre et Covid-19 : un cocktail mortel
Le diabète de type 2 se caractérise par une hyperglycémie (taux de sucre dans le sang trop élevé) chronique. Chez les patients qui en souffrent, le nombre de cellules immunitaires luttant contre les infections est réduit. Il y a près d’une dizaine d’années, des chercheurs de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) ont montré que cette altération du système immunitaire était directement liée à la glycémie. Pour mieux comprendre ce mécanisme, les scientifiques ont étudié les cellules immunitaires NK (« Natural Killer »), destinées notamment à lutter contre les agents pathogènes et les cellules tumorales. Ils ont constaté que plus le taux de sucre était élevé chez une personne, moins celle-ci avait de cellules NK. Cela explique pourquoi les diabétiques de type 2 sont plus vulnérables face au SARS-CoV-2 (ou tout autre virus).
De nombreux scientifiques se sont penchés sur le lien entre la consommation de sucre et la sévérité de la Covid-19. Selon une étude publiée en août 2020, la dérégulation du métabolisme engendre un risque accru de développer des formes graves de la maladie. Chez les patients infectés par le SARS-CoV-2, la voie des pentoses phosphates est particulièrement perturbée, encourageant la réplication du coronavirus.
En juillet 2021, des chercheurs ont publié les résultats de travaux destinés à mieux comprendre ce qui impacte la gravité de la maladie chez les patients souffrant de la Covid-19. Pour ce faire, ils ont synthétisé des informations extraites d’un total de 240 000 articles scientifiques. L’objectif était de trouver une cause sous-jacente commune aux formes graves de la pathologie. A plusieurs reprises, une glycémie élevée s’est révélée être un facteur favorisant pour la progression de la Covid-19. En retraçant les différentes étapes de l’infection par le coronavirus, les auteurs de la recherche ont établi un lien entre une glycémie élevée, la survenue des symptômes et progression de la maladie, et ce, à chaque étape majeure du cycle de vie du SARS-CoV-2. Des taux de glucose élevés permettraient au virus à la fois d’échapper aux mécanismes de défense des poumons, d’affaiblir le système immunitaire de ceux-ci, d’avoir accès aux alvéoles, de pénétrer dans les cellules pulmonaires et d’accélérer sa propre réplication. Ceci accentue la mort cellulaire et crée une réaction inflammatoire, surchargeant davantage le système immunitaire. S’en suit une réaction en chaîne d’infections, d’inflammation, de dégâts cellulaires, auxquels s’ajoute notamment une tempête de cytokines. Les scientifiques ont conclu qu’une augmentation de la glycémie peut favoriser la progression de la Covid-19 par des processus variés, expliquant ainsi pourquoi certaines personnes développent des formes graves et d’autres non. En somme, pour vous prémunir, évitez le sucre autant que possible (sauf celui des fruits qui, au contraire, est bénéfique pour la santé) !
La Covid-19 induit une hyperglycémie
En septembre 2020, des scientifiques ont également montré que la Covid-19 déclenche une hyperglycémie chez les patients qui en souffrent et ce, en perturbant le fonctionnement de certaines cellules adipeuses, engendrant un risque accru de développer des formes graves de la maladie. Des médecins ont même constaté un lien entre la Covid-19 et l’hyperglycémie chez des patients qui n’avaient pas d’antécédents de diabète. Ainsi, le SARS-CoV-2 se réplique non seulement plus facilement chez les patients dont la glycémie est élevée, mais peut également causer à son tour une hyperglycémie, en créant des perturbations au niveau de la production d’adiponectine (une hormone dont le rôle est d’améliorer la sensibilité à l’insuline et donc, de protéger du diabète) par les cellules graisseuses.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les cellules adipeuses de notre corps sont actives et synthétisent un grand nombre de molécules qui ont des propriétés protectrices. D’après les auteurs des travaux mentionnés précédemment, le SARS-CoV-2 est capable d’inactiver ces défenses chez un grand nombre de patients, ce qui rend ce coronavirus d’autant plus dangereux. L’étude a consisté à analyser le parcours de près de 4 000 patients étasuniens hospitalisés pour avoir contracté la Covid-19, durant les premiers mois de l’épidémie. Près de la moitié de ces individus témoignaient d’une hyperglycémie, soit préexistante, soit développée au cours de leur séjour à l’hôpital. Ces patients étaient 9 fois plus susceptibles à développer des symptômes pulmonaires graves (syndrome de détresse respiratoire aiguë) et avaient 15 fois plus de risques d’être placés sous respirateur artificiel aux soins intensifs. En outre, ils avaient aussi 3 fois plus de risques de décéder de la maladie. Des examens supplémentaires ont montré que les patients souffrant du syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA) induit par la Covid-19 témoignaient d’une diminution conséquente de leurs taux sanguins d’adiponectine.
Une grippe sévère peut également engendrer une hyperglycémie en affectant le fonctionnement des cellules bêta qui sécrètent de l’insuline. Dans le cas de la Covid-19, l’augmentation de la glycémie est toutefois due à la résistance à l’insuline (qui est présente dans le corps mais à laquelle l’organisme devient moins sensible). C’est pourquoi les personnes souffrant d’obésité ont plus de risques de développer des formes graves de la maladie, ayant généralement déjà une certaine résistance à l’insuline et un dysfonctionnement des cellules adipeuses.
Sources
1. Freeman CR, Zehra A, Ramirez V, Wiers CE, Volkow ND, Wang GJ. Impact of sugar on the body, brain, and behavior. Front Biosci (Landmark Ed). 2018
2. DiNicolantonio JJ, O'Keefe JH, Wilson WL. Sugar addiction: is it real? A narrative review. Br J Sports Med. 2018
3. Jamar G, Ribeiro DA, Pisani LP. High-fat or high-sugar diets as trigger inflammation in the microbiota-gut-brain axis. Crit Rev Food Sci Nutr. 2021
4. J. Berrou et coll. Natural Killer cell function, an important target for infection and tumor protection, is impaired in type 2 diabetes. PLoS One. Avril 2013 5. Denisa Bojkova, Rui Costa et al. Targeting pentose phosphate pathway for SARS-CoV-2 therapy. 2020
6. Codo AC, Davanzo GG et al. Elevated Glucose Levels Favor SARS-CoV-2 Infection and Monocyte Response through a HIF-1α/Glycolysis-Dependent Axis. Cell Metab. 2020
7. Logette E, Lorin C et al. A Machine-Generated View of the Role of Blood Glucose Levels in the Severity of COVID-19. Front Public Health. 2021
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